PENDRAGON – Pure (2008)

Tracklist :
01. Indigo (13:44)
02. Eraserhead (6:05)
03. Comatose View From the Seas (7:41)
04. Comatose Space Cadet (4:03)
05. Comatose Home and Dry (5:56)
06. The Freak Show (4:27)
07. It's Only Me (8:16)

Musicians:
Nick Barrett – Vocals, Guitars
Peter Gee - Bass
Clive Nolan - Keyboards
Scott Highman – Drums


Après quelques DVD live ici chroniqués, dont "Past and Presence" fêtant les 21 ans de carrière discographique du groupe, Pendragon se devait de nous donner une suite au marquant "Believe", jusque là dernier effort studio du groupe. Avec ce nouvel album, "Pure", voilà qui est chose faite. Et alors? Doucement, j'y arrive….

Alors ma foi, ce nouvel opus appartient clairement aux bons crus du groupe. Plus ou moins dans la continuité de "Believe", il n'en constitue pas une redite et apporte à la fois des compositions toujours efficaces et des sonorités nouvelles, tant côté guitares que côté claviers (enfin?).
Si on joint à ces éléments nouveaux l'apport très percussif du nouveau batteur Scott Highman, qui forme avec Peter Gee une rythmique encore plus imposante que jadis, on ne peut que constater que la musique du groupe poursuit son évolution en tentant, sans rien renier de ses origines, d'y intégrer des éléments supplémentaires piochés ici et là dans les apports de groupes plus récents, et n'appartenant d'ailleurs pas forcément à la mouvance progressive. Les guitares de Nick Barrett,
en particulier, ont maintenant la possibilité d'agiter de sombres climats en adoptant un son et un placement rythmique plus "métal" et une tonalité plus grave, dans la meilleure veine "indus" *
(intro d' "Indigo", "Comatose View From the Seas", court passage sur "View from The Seashore"). Pourtant, ne vous imaginez pas un changement radical de style : toutes ces évolutions s'intègrent plutôt bien au style de Pendragon, l'enrichissant, lui apportant un côté pêchu, quelquefois même rageur, sans le dénaturer.

L'auditeur sera donc heureux d'apprendre que Clive Nolan n'a rien perdu de ses capacités en utilisant des sons moins "datés", et surtout que l'énergie de Nick Barrett trouve dans cet apport innovant un puissant exutoire qui n'enlève rien ni à son sens de la mélodie et de la composition,
ni à la fluidité et à l'aisance de son jeu. Mieux : cette nouvelle richesse ne pouvait qu'offrir une palette toujours plus large à ce fantastique guitariste.

De même, le groupe est toujours capable de suivre son leader Nick Barrett dans les arrangements complexes de pièces denses et de près d'un quart d'heure ("Indigo"). Les influences "pinkfloydiennes" du groupe refont surface au travers de quelques citations (volontaires ?), comme dans "Indigo" ou "Comatose Home and Dry", et Nick Barrett est toujours capable de nous entraîner loin, très loin dans son univers, comme dans le final d' "Indigo", dans "The Freak Show" ou dans "Eraserhead", où on se surprend à fredonner certains passages accrocheurs! L'habileté du groupe
à passer d'un climat à l'autre laisse confondu. D'ailleurs, méfiez-vous quand même : cet album doit receler quelque part un sortilège, car son écoute prend tellement l'auditeur par les oreilles, qu'insensiblement celui-ci se retrouve emmené à son insu dans une sorte de tourbillon sonore qui le fait sournoisement décoller, au point où il est surpris, à la fin d' "It's Only Me", par le silence marquant la fin du disque!

Pour parachever ce splendide travail, mentionnons la production soignée de Karl Groom, aidé de Nick Barrett, qui met en valeur de façon remarquable l'évolution musicale du groupe, et la superbe pochette, signée Rachel Wilce, qui participe à sa manière à la qualité globale de l'ouvrage.
Bref, du beau boulot sur toute la ligne, et, quand on connaît de plus la qualité de ses prestations scéniques, et la sympathie qu'inspire naturellement Nick Barrett, on en vient à se demander pourquoi ce groupe ne connaît pas une notoriété encore plus importante.
Si vous en doutez, allez écouter ce disque!

Y. Philippot-Degand